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s’était pas même aperçu qu’elle était aphasique[1].

Dans l’état d’aphasie, la faculté d’articulation n’est pas absolument perdue, le malade est encore capable d’articuler un certain nombre de mots, mais toujours les mêmes, et qui tantôt ont un sens, tantôt n’en ont pas. La malade précédente, par exemple, pouvait répondre avec justesse par oui ou par non, mais pas plus. — Parmi les malades mentionnés par M. Trousseau (qui entre autres mérites a celui de citer des faits saillants, et, comme dirait Bacon, prérogatifs), il y en a un qui à toutes les questions répondait : « N’y a pas de danger ; » quelque temps après, il disait encore : « N’y a pas de doute ; » enfin, il fit un nouveau progrès, et disait de temps à autre : « Tout de même. » Il en est resté là[2]. Un autre disait : « Coucici, » et, quand on l’irritait : « Saccon. »

Tels sont les cas d’aphasie simple, extrêmement rares, comme nous l’avons dit. Dans d’autres cas, le malade perd la faculté d’écrire et de lire avec celle de parler ; et cette impuissance d’écrire ne vient pas de la paralysie[3]. Quelquefois, le malade peut écrire un mot ou deux, mais toujours le même. Un malade s’appelle Paquet, et il sait écrire son

  1. Page 752.
  2. Page 650.
  3. Voyez fait cité par M. Trousseau, p. 651.