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flagrant contre lequel il est impossible de s’élever. Que la folie soit une de ces maladies, c’est ce qui est malheureusement trop prouvé par les faits. Il paraît même démontré qu’une maladie peut se transformer héréditairement, et se manifester sous d’autres formes[1]. D’un autre côté, il est également certain que les conditions normales et saines de l’organisme, que la structure des organes, les linéaments du corps, les traits de la figure peuvent aussi se transmettre par l’hérédité. Enfin, comme il y a un rapport intime et profond entre le physique et le moral, on ne nie pas qu’il ne puisse y avoir une transmission héréditaire du moral par le moyen du physique. J’accorde toutes ces propositions à M. Moreau (de Tours). Mais il m’est impossible d’aller plus loin.

Lorsqu’il se présente un homme d’une intelligence supérieure, il faut, pour expliquer cette supériorité, faire la part 1o de la spontanéité de l’âme ; car, comment prouver qu’elle soit nulle ? 2o De l’organisation individuelle, et de ce que l’on appelle, en médecine, les idiosyncrasies. Ces deux parts faites, il se peut qu’une troisième part soit due à l’hérédité, c’est-à-dire aux conditions orga-

  1. Il y a, par exemple, une hérédité alternante bien curieuse entre le rhumatisme articulaire et la chorée. Qui expliquera ces étranges phénomènes ?