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ainsi devenir pour lui cause occasionnelle de certaines douleurs, qui amèneraient la folie tout aussi bien chez un autre que chez lui, si elles s’y produisaient. En outre, j’admets que l’abus du travail intellectuel puisse amener la folie (quoique cela soit très-rare quand il n’y a pas de cause concomitante). Mais cela ne prouverait pas que le génie, c’est-à-dire l’usage normal des fonctions cérébrales, soit une maladie du cerveau. Si je marche trop longtemps, je me donne une courbature. Mais l’exercice sain et réglé n’est pas identique avec la courbature. Si je mange trop, je me donne une indigestion ! Dira-t-on que la digestion régulière est une maladie ? De même, si je travaille trop, je me donne un mal de tête ! Est-ce à dire que le travail intellectuel soit une névralgie ? Ainsi le génie pourrait conduire à la folie ceux qui en abusent, sans qu’on puisse conclure de là qu’ils sont de la même famille.

4o Mais le fait sur lequel M. Moreau (de Tours) insiste le plus et auquel il consacre la moitié de son livre, c’est le fait de l’hérédité. Il y a, suivant l’auteur, une liaison héréditaire entre le génie et les différents états nerveux qui touchent de près ou de loin à la folie et à l’idiotisme.

Je suis bien loin de vouloir contester la loi mystérieuse, mais irrécusable de l’hérédité organique. Qu’il y ait des maladies héréditaires, c’est un fait