Page:Janet - Le cerveau et la pensee, 1867.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouces, et un grand menton[1]. Sans ce menton, Washington n’eût pas été peut-être un homme de génie. Voilà un menton qui a sauvé l’Amérique. Si les hommes de génie sont nécessairement maladifs, que l’on explique comment l’on trouve tant d’exemples de longévité dans les hommes supérieurs, et en particulier chez les savants et les hommes de lettres. Sans doute, il y a eu des hommes supérieurs maladifs, malingres, rachitiques. C’est une preuve que la difformité physique n’exclut pas le génie, mais non pas qu’elle l’accompagne nécessairement. Combien de boiteux, de bancals et de bossus sont des êtres parfaitement insignifiants ! Il faut conclure qu’on n’a trouvé aucun rapport précis entre la constitution et la supériorité intellectuelle, et que, jusqu’à nouvel ordre, il est permis de penser que le génie n’est pas une maladie.

3o La folie et la raison ont coïncidé chez un très-grand nombre d’hommes de génie.

Il y aurait ici, si l’on voulait discuter cette question à fond, tant de points à examiner, que je ne puis que me borner à quelques indications. Je dis d’abord qu’il faut distinguer l’hallucination simple. de la folie. Ce sont deux états très-différents. En outre, pour ce qui est de l’hallucination, il faut

  1. Voyez le Dictionnaire biographique à la fin de l’ouvrage.