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la moindre œuvre remarquable sortie de l’imagination et de la pensée d’un fou. Ce devait être pourtant très-commun dans la théorie de l’auteur. Car, s’il n’y a qu’une différence du plus au moins entre le génie et la folie, comment n’arrive-t-il pas souvent que la folie, dans ses moments de rémittence, dans ses intervalles de lucidité, rencontre précisément le degré de vibration nécessaire pour produire de grandes choses ? Or, c’est ce qui n’arrive jamais.

Je crois donc que si l’on peut conclure quelque chose de l’argument par analogie, c’est que l’excitation cérébrale, qui constitue la folie ou qui y conduit, peut bien produire accidentellement un réveil de la mémoire et de l’imagination mécanique, qui simulera l’inspiration spontanée, mais que cet état en lui-même exclut absolument ce qui constitue le génie, la faculté d’invention. En d’autres termes, le génie et la folie sont les deux pôles extrêmes de l’intelligence. Il est donc très-vraisemblable, autant qu’on peut raisonner en ces matières, qu’ils correspondent à des états organiques essentiellement différents.

II. Le second argument de l’auteur, celui qu’il développe le plus et avec le plus de soin, c’est l’argument historique et biographique. Il essaie d’établir par des faits, des anecdotes, des traditions, qu’il y a de très-grandes analogies physiques et