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telligence ; c’est l’intelligence animale et mécanique ce n’est pas l’intelligence de l’homme. Rien de tout cela n’est le génie. Un homme peut avoir une mémoire prodigieuse, et même une imagination très-vive, et être destitué complétement d’intelligence.

2o On nous cite bien un certain nombre de cas où la maladie aurait amené un développement extraordinaire d’intelligence, et où l’imagination serait devenue créatrice. Mais il resterait à savoir si les idées qui se produisent dans ces circonstances sont vraiment des idées originales et profondes ou si ce ne sont pas de simples lieux communs, des réminiscences qui se réveillent avec une certaine vivacité sous l’empire de la fièvre, et qui étonnent les assistants par leur contraste avec les accidents antérieurs beaucoup plus que par leur valeur propre. Il n’y a rien de si facile que de se faire illusion sur l’importance de certaines idées, lorsqu’elles sont exprimées avec une certaine émotion et dans des conditions extraordinaires. En outre, quand on s’attend à une extinction totale de l’intelligence, on est d’autant plus frappé de son réveil. C’est ce qui fait, par exemple, que chez les fous, pour peu qu’on entrevoie une lueur de bon sens, on en est tellement frappé, qu’on croit y reconnaître une raison très-surprenante. Or, s’il y a quelque chose de certain, c’est l’impuissance des fous à produire rien qui vaille par imagination. Que l’on nous cite