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d’où dépend le génie. Par conséquent, le génie tient à un certain état pathologique du système nerveux analogue à celui qui se découvre dans les cas que nous citons.

À cet argument, qui a d’abord tous les inconvénients des preuves analogiques, je me contente d’opposer deux observations :

1o La plus grande partie des faits cités sont des faits de mémoire, d’imagination ou de sensation. Tantôt ce sont les sens qui prennent, dans de certaines conditions maladives, un degré de finesse et de pénétration qu’ils n’avaient pas antérieurement. Tantôt c’est une mémoire extraordinaire qui se développe tout à coup ; le fait le plus fréquent, c’est de parler et d’écrire dans les langues que l’on est censé tout à fait ignorer : fait qui s’est souvent reproduit dans les grandes épidémies convulsives. Tantôt c’est l’imagination qui s’exalte, qui a besoin de chants et de musique, et croit entendre des concerts divins : elle va même quelquefois jusqu’à produire des vers avec facilité et avec verve, ce dont elle était incapable dans l’état sain. Mais en supposant que tous ces faits soient parfaitement exacts, je me contente de faire remarquer que, dans tous ces cas, c’est la moindre partie de l’intelligence qui est excitée : les sens, la mémoire et l’imagination représentative. Ces facultés fournissent des matériaux à l’intelligence, mais ne sont point l’in-