Page:Jan - Dans la bruyère, 1891.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
DANS LA BRUYÈRE

Et lorsque des amants cachés ne parlent plus
Il ébauche railleur un étrange sourire.

Tel, quand sonne minuit, se dresse sur les cieux
Satan, roide et debout parmi les buissons mornes :
La lune blème luit dans la fourche des cornes,
Et son rire infernal miroite dans ses yeux.



Aujourd’hui, calme et digne, il comprend qu’il protège
Le troupeau ; le soleil argente ses poils blancs ;
Et des gouttes de pluie éparses sur ses flancs
Semblent des diamants jetés sur de la neige.

Mais, sitôt qu’un buisson frissonne tout à coup,
Il tend son front armé de cornes redoutables :
Tandis que les agneaux bêlent vers les étables,
Le pied ferme, il s’apprête à recevoir le loup.