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LE BOUC


Au premier rang le bouc marche, dressant le front :
Il est maigre ; son poil est gris, son pas rapide ;
Il est seul, en avant, éclaireur intrépide,
Cherchant les rocs ardus pour les franchir d’un bond.


Il s’échappe parfois, pris d’amoureuses fièvres :
Le soir, quand le troupeau rentre sous le portail,
Le pâtre ne voit pas, en comptant le bétail,
Le bouc en rût qu’attire au loin l’odeur des chèvres.

Loin de la ferme, loin des ajoncs familiers,
La peau laissant saillir les os, les yeux en flamme,
Il rôde, tout entier à sa fureur, et brame,
Effrayant les passants au bord des échaliers.

Avec sa barbe blanche et ses yeux de satyre,
Il apparaît soudain au sommet des talus :