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LA LANDE


À Hyacinthe Caillière


Le soir où je sentis l’immense lassitude
De l’âme m’accabler pour la première fois,
J’avais autour de moi la grise solitude
Où la lande se perd au milieu des grands bois.

Un sol nu, dévasté par l’éternel orage,
Où montaient çà et là les spectres des menhirs,
Déroulait à mes yeux son horizon sauvage,
Linceul géant jeté sur de fiers souvenirs.