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UN CAPRICE

Mais je ne voyais plus que ses prunelles bleues,
Profondes comme un lac par un matin d’été.

Les grands arbres, noyés sous la brume sereine,
Autour de nous flottaient vaguement dans la nuit :
Mais dans un tel lointain s’apaisait chaque bruit,
Que je n’entendais plus que sa tranquille haleine.

Oh ! que de soirs les bois m’ont surpris à penser !
Mais par la calme nuit j’étais tremblant de fièvres ;
Et je ne songeais plus qu’à ses deux roses lèvres,
Et mes lèvres s’ouvraient en cherchant son baiser.


Elle me dit alors, de sa voix dédaigneuse :
« Voilà donc les forêts sous l’or des firmaments,
Où les poètes font errer les fiers amants
Dont la nuit douce endort l’âme mystérieuse !