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PRÉLUDE

Vers ces mondes lointains qui hantent nos pensées
Et courbent désormais votre front soucieux.

Mais ce n’est pas en vain qu’on scrute les nuages
Et ce n’est pas en vain qu’on a couru l’azur ;
Le regard du poète en redescend plus pur
Et pour jamais son âme est pleine de mirages.

Toutes les visions que vos yeux grands ouverts
Ont vu passer au ciel de Bretagne, ce livre
A fixé leur splendeur éparse et nous en livre
Le secret merveilleux dans le charme des vers.

Vos vers, nous les aimons comme la fleur des landes,
Rose sous le ciel gris, vivace en maigre sol ;
Les abeilles pourtant la couvrent de leur vol
Et nos enfants toujours y cueillent des guirlandes.

Cependant qu’on en fait des bouquets et du miel,
Un pâtre dont la voix franche et claire est touchante,