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DANS LA BRUYÈRE

Vous avez égaré vos lentes flâneries
Et rêvé dans nos bois pendant des jours entiers.

Vous avez respirè l’odeur des fraîches herbes,
Écoutant les oiseaux vous dire leurs chansons ;
Promptes à la cueillette et promptes aux moissons,
Vos jeunes mains ont fait des bouquets et des gerbes.

Vous avez su les durs travaux des paysans,
Les labeurs obstinés sur les sillons voraces ;
Dans le sol entr’ouvert vous avez vu les traces
De la vaine action des hommes et des ans.

Et vous avez appris les choses de la terre,
Et vous avez connu tous les êtres d’en bas :
Les haines, les désirs, les amours, les combats,
Voués par leur silence à l’éternel mystère.

Vous avez regarde le ciel aussi. Vos yeux
Ont cherché dans l’azur des routes non tracées,