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DANS LA BRUYÈRE

Une source tombait de la roche entr’ouverte ;
Et, roulée en festons, une liane verte
Formait au seuil muet un mobile berceau.

Triste et grave, il allait sur la rive, dans l’ombre.
La nuit réfléchissait ses étoiles sans nombre,
Comme en un clair miroir, dans le lac endormi.
Il était jeune encore et pâli par l’étude ;
Et n’avait emporté dans cette solitude
Qu’un crucifix de fer, seul et sublime ami.


Or, ce soir-là, rôdant au bord des eaux dormantes,
Tristement il songeait aux lointaines amantes
Qui brûlèrent son front de leurs baisers de feu :
Et le lac sommeillait dans le parfum des menthes,
Et, semé d’astres d’or, tout l’espace était bleu.

Il nommait en son cœur ces formes éphémères
Dans lesquelles jadis s’incarnaient ses chimères :