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FILLE DES CHAMPS

Ainsi qu’elle portait la gerbe d’or des blés,
Elle eût pu, sans faiblir dans sa marche légère,
Mettre un casque de cuivre à ses cheveux bouclés.

Fille des champs, son cœur comprenait la souffrance
De l’herbe des vallons et de l’arbre des bois.
Que lui faisait l’orgueil humilié des rois ?
La bergère n’aimait que la terre de France,
Et, les yeux vers la terre, elle écoutait sa Voix.

Ô Jeanne d’Arc, tremblante à cette voix qui clame
La honte et la douleur du pays oppressé,
Tu partais, glaive au poing et le sein cuirassé ;
Tu partais, en sentant tressaillir dans ton âme
Les âmes des aïeux et l’espoir du passé.

Les saintes du pays de France t’ont nommée !
Va sauver notre peuple et venger son affront,
Ô Jeanne d’Arc ! le ciel a soufflé sur ton front ;