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DANS LA BRUYÈRE


La maison est là-bas ; et ses clochetons frêles,
Dans le vague du soir grandissant peu à peu,
Évoquent à l’esprit les bizarres tourelles
D’un manoir romantique au bord d’un étang bleu.

Mais par les lourds midis lorsque l’été s’embrase,
Lorsque l’air est sans brise et les bois sans oiseaux,
C’est là qu’il faut chercher le calme de l’extase
Dans le recueillement des arbres et des eaux !

Par les étroits sentiers semés de sable rose,
Qu’il est doux de se perdre en un rêve charmant,
Sans plus se souvenir que la ville morose,
Là, derrière les murs, gronde éternellement !

Au milieu d’un massif la maison est blottie,
Petite et souriante en un demi-sommeil,
Ou, comme la nature entière, anéantie
Sous la nappe de feu que verse le soleil.