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DANS LA BRUYÈRE


La Vierge n’est plus là qui, frêle, blanche, ailée,
Comme une vision vaporeuse qui fuit,
Foulait à pas menus le sable de Pallée,
Cherchant de ses yeux bleus les yeux d’or de la nuit.

Il est au fond du parc un étang solitaire :
C’est là qu’elle venait s’asseoir dans le bateau ;
Et les fourrés profonds avaient tant de mystère
Que l’enfant se croyait très loin de son château.

À demi réveillés au bruit des rames lentes,
Les cygnes s’enlevaient de leurs nids de roseaux,
Sous leur poitrail d’argent courbant les vertes plantes
Et plongeant leurs becs noirs dans les clartés des eaux.

Hélas ! l’étang n’est plus qu’une mare dormante,
Où, par les chauds midis, rôdent les papillons ;
Où, couvrant sous leur ombre un monde qui fermente,
De larges nymphéas flottent dans les rayons.