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Elle est pareille au vent qui fait rire cette eau.
Elle est pareille aux centaurées roses des prairies.
Elle est pareille au bruissaillement doux des pluies.
Elle est pareille aux agneaux blancs qui bondissent.
Elle est pareille au grillon qui dans l’herbe glisse.
Elle est pareille à la chanson des choses au soleil.
Elle est pareille au lys. Elle est pareille au miel.
Elle est pareille à l’air. Elle est pareille à l’âme.
Elle est pareille à toi, pareille à une femme.

LE POÈTE

Ceci est doux, bon, calme, endormi et pur.

L’ÂME DU POÈTE

Souviens-toi, quand enfant, au pied du vieux et doux mur
d’un cimetière, tu t’agenouillais, au Jubilé, avec ta mère.
Le soir tendre tombait aux fleurs parfumées.
La procession douce allait dans les allées.
C’est cela qui t’a donné cette âme douce
comme les chants des processions et la mousse.
Souviens-toi du jardin du presbytère où les
rossignols, près des lys, nichaient dans la nuit des rosiers.