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LE PÈRE

J’ai arrangé, près du laurier-thym, la ruche.
Il y avait encore, qu’on avait cassée, une cruche.

LA FIANCÉE

La servante est vieille. Elle est malade.

LA MÈRE

Elle n’a plus la force d’arracher la salade.

(La servante porte un verre d’eau au poète. Il boit.)
L’ÂME DU POÈTE

Bois ! C’est l’eau du puits qui crie.
Elle est claire comme elle, comme la pluie.
Elle est pure comme l’âme de ta fiancée.
Comme ses bras elle est douce et glacée.
En puisant au vieux puits la cruche s’est cassée,
parce que la vieille servante elle aussi est cassée.
L’eau est douce. Près des petites croisées
des toits, les chats n’en trouvent plus parce qu’il fait trop chaud
sous les vieilles tuiles.
sous les vieilles tuiles.L’angelus sonne doucement