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pleut comme aujourd’hui, que faisons-nous l’un et l’autre que de parcourir ces étroits espaces : toi ta chambre et moi ma tanière ? Va ! les fleurs de nos songes sont inclinées par les mêmes brises du Ciel, et nous savons que ce n’est pas l’été parce que la cigale de La Fontaine ne crisse plus aux arbres défeuillés, et parce que le larmoiement de la branche d’hiver n’a pas le doux parfum du cep printanier.

Nous possédons une égale sagesse parce qu’elle provient d’une même crainte. Lorsque soufflera l’embellie, lorsque nous nous sentirons dignes d’être admirés, au pied du même ormeau dont nous chanterons la beauté mûre, nous attendrons l’amour. Mais, lorsque je verrai s’affoler dans la tempête les voiles des bateaux, ou que tu verras s’abîmer les feuilles mortes, il ne faudra pas sortir…