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et tout est prêt pour recevoir les bêtes.
J’ai surveillé la grang’e et la litière.
Ils ne tarderont plus à arriver.
Voici déjà : le brouillard est épais. »
Jean de Noarrieu, sous la lampe qui tremble,
un coude à la table, un poing* à la te] pe,
fixe au plafond les ombres de la chambre,
puis reg-arde la Lucie et lui prend
la main, sans lui rien dire. Et elle sent
son cœur inquiet battre dans le silence.
Jean frissonne et sent monter son chag-rin.
Sa gorge est sèche. Ses pleurs, il les retient.
Dans la main de Lucie tremble sa main,
par secousses, comme un sanglot qui vient.
Mais, courageux, il se reprend soudain,
se lève et dit : « Donne à manger au chien. »
Et maintenant les troupeaux revenaient,
fuyant l’ombre mystérieuse des neiges.
On entendait la plaine et la vallée