Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée

sur un ciel clair de lierre et de fougères.
Quelle joie, les mains à plat sur la terre,
de boire, le nez enfoui dans l’eau claire,
de rafraîchir la brûlure de fièvre
que l’après-midi tremblant fait aux lèvres
du chasseur suant et plein de poussière
qui a posé son fusil contre un chêne I
Qu’importe, dans le bois plein de lumière,
d’azur, d’eau creuse et de bourdons d’abeilles,
qu’importe sur les mousses en soleil
plus mordorées que des coléoptères,
qu’importe, dans l’ombre bleue des clairières,
ce que Lucie a pu ou ne pas faire ?
Qu’importe, si la vie est magnifique ?
Si les paysans effeuillent et éciment
les flots dorés des épis de maïs ?
Si, près du chien, une petite fille
rit et s’amuse avec la fiole vide
que le lait de la bonne vache a rempli ?
Qu’importe, si les faneurs de regain
n’ont pas la pluie à craindre pour demain ?