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du métayer sur le ventre. On entend
le ventilateur frapper le froment.
Jean de Noarrieu est assis sur un banc,
dans le jardin. Il fume lentement
sa pipe de bruyère en regardant
les touffes de belles-de-nuit dormantes,
les ricins bleus, les prunes transparentes
qu’un sucre d’or fendille en les poissant.
Oh I Fin d’après-midi ! quand la lueur
du jour trop chaud se velouté et se meurt
sur le mystère triste et beau des fleurs.
On sent je ne sais quoi qui prend le cœur.
On sent qu’alors on mourrait de bonheur,
si l’on n’avait toujours quelque douleur.
Perron d’amour où sommeillent les poules !
Jardin doré de vert où le jour coule !
Portail fendu d’azur, orné de boules !
Toit du g-renier où le pigeon roucoule I
Oh 1 Dites-moi quel est le pays où le
bonheur existe et où rien ne le trouble ?
Jean de Noarrieu sq lève et il s en v^