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ni les savants, ni les plus grands poètes,
ce qui se cache au fond du cœur de celle
en qui tu crois, et qui croit qu’elle t’aime,
et qui ne le sait pas bien elle-même...
Qui attend-elle au fond de ce jardin
où une guêpe bourdonne au laurier-tin ?
Son œil épie une chose incertaine,
tandis qu’on voit, qui saignent dans sa main,
d’une groseille aigre les âpres grains
qu’elle cueillit au verger ce matin.
Il semble qu’elle attende. Et elle attend.
Elle rougit. Un jeune paysan
s’en vient vers elle, à pas comptés, tenant
une gaule et quelques fleurs dans sa main.
— « Bonjour, » dit-il. Lucie plus rougissante,
répond : « Bonjour. » Il s’assied sur le banc.
— « Je pensais bien, dit-il à la Lucie,
vous trouver là, sur ce banc, aujourd’hui.
Je suis revenu seulement jeudi.
J’ai été à Barège. Et Lucie dit :
« Eh bien ? L’avez-vous vu ? Comment va-t-il ?
Pourquoi ne m’a-t-il pas encore écrit ? »