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à la carriole et va avec Lucie
aux provisions. I^a jeune fille a mis
sur ses cheveux un beau foulard cerise,
et son corsag-e au foulard assorti.
De grand matin, ils longent les haies mouillées,
le fouet claquant au-dessus de leurs tctcs,
sous la pluie drue des sentiers en rosée,
parmi l’éclat des églantiers célestes,
dans le frisson des toiles d’araignées,
au chant léger des mésanges baignées.
Belle journée, ô vide de l’azur I
Les sentiers sont des ruisseaux de verduro.
Les églantiers haussent vers la voiture
Xeur cœur de miel où l’aube bleue a plu »
Jean de Noarrieu borde la couverture,
car il fait frais, sous Lucie ronde et dure.
Ils passent le pont léger du torrent
d’un vieux petit moulin tourbillonnant
tout fait de mousse et de rire d’argent,
d’un torrent joli comme en un roman,
plein de cresson et de soleil tremblant
et de cailloux sur des cailloux roulant