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Jean de Noarrieu a vu, de sa fenêtre,
l’âne suivi du berger. Et les bêtes
se balancer sous les rauques sonnettes,
et s’alentir, et se précipiter
comme un ruisseau de cornes et de neige
qui, ondulant, bêle dans la vallée.
Ah ! Maintenant ils verront les jonquilles.
Ah ! Maintenant ils verront les narcisses.
Ah ! Maintenant ils verront les prairies,
où l’eau s’arg-ente, écume, saute et rit.
O doux bergers ! Semez sur le granit
le sel brillant si utile aux brebis.
Mon cœur vous suit vers les vallées natales
ô doux bergers qui, les pieds dans l’espace,
verrez, pensifs, l’escalade des vaches
vers les rosiers des roses digitales.
Adieu ! adieu ! Allez dans les cabanes
où la fumée ronge les poutres noires.
Adieu ! Je vous salue comme un poète.
Adieu, Martin ! Adieu, pauvre Bergère I
Oh ! Écoutez la foudre des sommets ?