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regarde au loin, volant de cime en cime,
ou se posant aux ang-les des prairies,
le vol nerveux et sauvag-e des grives.
Une, immobile, au haut d’un chêne crie,
puis, l’aile aiguë, ainsi qu’une ombre file.
Mais la nuit vient. Et le jeune chasseur,
les pieds boueux, revient dans la douceur
du soir d’hiver où s’entend la rumeur
de l’eau dans l’ombre. Et les rousses hauteurs,
dans le ciel lourd, dressent les profondeurs
des noirs taillis hérissés de blancheur.


*

Et, au printemps, qui fut aussi pluvieux,
les Pyrénées laissèrent dans les cieux
couler la neige. Alors, leurs veines bleues
parurent, les rendant plus lumineuses
que du verre. Et, au flanc des neiges creuses,
les sapins firent des plaques ombreuses.
Le gave vert, couleur de vieille vitre,
s’enfla, jaunit, inonda la saligue
où les roseaux et les sabres d’iris