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Lucie remue, dans le panier d’osier,
l’argenterie qui sonne toute claire,
change l’assiette et sourit à son maître.

— « Monsieur ira-t-il ce soir à la chasse ? »
— « Oui, car je sais quelque part deux bécasses. »
— « Monsieur veut-il remplir toute la tasse
de café ? » — « Comme ça, petite. Passe
à l’épicerie. Va prendre une boîte
d’amorces, des cannelées s’il y en a. »

Et de Noarrieu, ayant mangé, se chausse.
Médor content fait des oreilles hautes :
car il sait bien, lorsque l’on met des bottes,
que l’on va se promener hors des routes.
Il trépigne, impatient, près de la porte,
en attendant que son bon maître sorte.



*


Jean de Noarrieu est grand, blond, bleu et doux.
il a trente ans, le teint du maïs roux,
les yeux pareils aux pervenches des sources,
avec un point noir comme du velours ;
les cheveux fins, et la moustache en brosse