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se répète : Il a dit : à mon retour de la Chine… Il a dit à mon retour de la Chine… J’ai enseveli dans ce pays sa bien-aimée Laura… On lui avait donc menti, à elle, à Clara ? Elle est donc morte ici Laura ? Où ? Dans la maison ?… Mais elle ne s’appelait pas Laure, sa fiancée, puisqu’il l’appelait Laura, du même nom que la femme de la tombe ? Comment ?… Comment ?… Pourquoi grand’mère lui avait-elle dit en lui montrant la miniature : C’est le portrait de Mlle Laure, la fiancée, de ton grand-oncle Joachim.

— Où sont-ils morts, grand’mère ? avait-elle demandé. — Là-bas, à la Pointe-à-Pître. — Alors ce n’était pas vrai qu’ils étaient là-bas ?… Mais si, puisque sur les lettres du tiroir il y a écrit : Guadeloupe… Il a dit : je l’ai ensevelie dans ce pays.

— Vous n’avez point d’appétit, mon enfant ? remarque Mme d’Ellébeuse.

Elle répond :

— Je suis un peu fatiguée, petite-mère. Et boit un peu d’eau pour essayer de se donner faim.

Et, tandis que la conversation reprend autour d’elle, de nouveau elle se remémore : il a enseveli, dans ce pays, sa bien-aimée Laura.

Elle évoque le cimetière où sont les cabarets-des-oiseaux, les belladones chaudes et roses et les menthes poussiéreuses. Elle se souvient que,