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I

Clara d’Ellébeuse s’éveille sous ses boucles et bâille contre son bras nu. Elle est blonde et ronde, et ses yeux ont la couleur du ciel quand il fait beau temps.

Le soleil de ces anciennes grandes vacances fait bouger, sur les rideaux transparents d’indienne à ramages, à la fenêtre de l’Est, l’ombre du tulipier.

Il est huit heures. La pure lumière se glisse dans la chambre, éclairant, contre la tapisserie bleue et gaie, le portrait de Joachim d’Ellébeuse, le grand-oncle de Clara.

Et la petite jeune fille bâille encore, s’étire et songe :

Comment était-il, l’oncle Joachim d’Ellébeuse ? Est-ce que la maison de la Pointe-à-Pitre où il est mort était belle ?… La petite miniature que grand’mère m’a montrée, et qui est dans le tiroir d’en bas, est celle de sa fiancée. Elle se nommait Laure. Elle était bien jolie, avec des boucles de