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Mais les plus délicieux abris étaient ceux qu’élurent les colombes. Elles se tenaient sur d’amers oliviers vacillants au crépuscule. Dans ce parc il y avait des jeunes filles qu’à cause de leur grâce animale on avait laissées entrer, toutes les jeunes filles soupirantes et pareilles à des chèvrefeuilles, toutes les jeunes filles qui roucoulent avec toutes les colombes qui pleurent, depuis les colombes de Venise qui éventèrent l’ennui des dogaresses, jusqu’aux colombes d’Ibérie qu’agaçaient du piment de leurs lèvres des pêcheuses au teint d’orange et de tabac ; toutes les colombes rêvées, toutes les colombes qui rêvent : celle qu’élevait Béatrix, et à qui Dante donnait un grain de blé ; et celle qu’entendait dans la nuit Quittéria désenchantée ; et celle qui dut gémir au-dessus des épaules de Virginie lorsque, dans la source nocturne, à l’ombre du cocotier, elle essayait en vain de calmer ses brûlures aimables ; et celle à qui l’adolescente qu’oppresse le déclin d’Été, dans le verger où les pêches se meurent, confie des messages passionnés afin qu’elle aille où la mène son vol.

Et il y avait les colombes des vieux presbytères ensevelis sous les roses : celles que, de sa main