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ments, tant leurs ailes étaient accablées d’amour et de rosée. Les cailles au blé vert n’appelaient pas encore. Les mésanges à tête noire faisaient, dans les obscurs figuiers, le bruit de galets remués par l’eau. Un pivert dont on eût dit qu’il était une poignée d’herbe arrachée aux pelouses dorées, avec la fleur d’un sainfoin à la tête, déchira de son cri l’azur. Il se dirigeait vers les vieux pommiers aux corolles candides.

Les trois éperviers et le hibou entrèrent dans ces lieux nourris de fleurs, sans que, partant, un seul rouge-gorge, un seul chardonneret, une seule linotte en fussent effrayés. Les oiseaux de proie se tinrent perchés, l’air arrogant et triste, l’œil fixé au soleil, battant parfois de leurs ailes de fer leur poitrine aiguë et chinée.

Quant au hibou, il s’enfonça vers la colline ténébreuse pour, enfoui dans quelque solitaire caverne, heureux dans l’ombre et la sagesse, écouter se plaindre le rossignol.