j’évoque l’étouffant soir de juillet où elle agonisa. Ce dut être un de ces jours d’orage où les hirondelles volent bas. De la puante ruelle où je me trouvais tout à l’heure, des germes putrides devaient s’exhaler comme aujourd’hui. Y avait-il de blondes enfants, assises sur une poutre, comme celles qui causent là ?
Quelles furent ses rêveries lorsque, la nuit étant tombée, le prêtre eut procédé aux fades rites funèbres ? Retrouva-t-elle en cet instant cette folie d’exaltation qui, à Évian, en 1726, l’avait prosternée aux genoux de M. de Bernez, quand elle s’écria :
« In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum. »
Revit-elle l’escorte royale qui accompagna, en pompe, à Annecy, une si belle convertie que l’on se méfiait d’une amoureuse ? Entendit-elle la voix d’un adolescent fatigué, penché sur elle, et, de sa lèvre, comme d’une rose, effleurant ses cheveux — ou n’entendit-elle que les dix heures qui sonnaient à jamais pour elle à la paroisse de Lémenc ?