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— Petit, ce n’est plus la raison qui te fait parler maintenant… Tu t’exaltes comme don Quichotte ! Quoique j’aie de l’espoir en la réussite des terrailleries, nos affaires actuelles vont mal, sont dans un grand désordre depuis la mort du pauvre Claude Anet… J’ai reçu, hier encore, une lettre du comte au sujet du retard de notre loyer… Que ferons-nous si nous encourons sa disgrâce en abandonnant son cul-de-sac ?… Petit ?… Recule un peu ?… Que je me lève…

— Maman ?… Ne m’aimez-vous plus ?

— Pourquoi cette question, mon amour ?

— Parce que vous me serrez moins ardemment sur votre cœur, depuis la mort du pauvre Claude Anet… Pas une fois, depuis trois semaines, vous ne m’avez accueilli ici avant l’aurore… Et, si j’y viens le matin, c’est pour y être admis en enfant… Pourtant, Maman, c’est vous qui, dans le jardin du faubourg… Ai-je manqué à vos conditions, dites, ô chère Maman ? N’ai-je pas observé mes engagements… Ai-je…

— Petit !… Petit !…

— … été à d’autres qu’à vous ? Ne me suis-je pas débarrassé des vices qui me faisaient honte ? Me suis-je montré courroucé envers le pauvre Claude Anet quand vous lui continuiez vos faveurs les plus intimes ?…