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frémissement, l’amener par la main sur ces herbages placides, la posséder sans un mot, puis laisser tomber ma douleur, couché en travers de ses jambes ? robustes, les bras en arrière, les poings sur la prairie.



Une vieille parente de ma mère, Mme d’A… d’E…, m’a écrit au sujet de ma Clara d’Ellébeuse qu’elle a lue. Je n’ai jamais vu cette parente. Ses lignes m’ont touché. Je suis allé la voir sur son invitation. « Peut-être, me mandait-elle, aurez-vous, dans ma demeure ancienne, de belles inspirations et le rappel du temps de Clara d’Ellébeuse. »

Et, en effet, la grille franchie, j’ai trouvé dans le salon solennel, appuyée sur sa canne, cette antique parente infirme. Une bonté éclairait son visage, un sourire pareil aux teintes délicates d’un herbier ancien. La rafale que j’entendais du coin du feu berçait l’ombre des meubles.

— « Voyez-vous ce tableau ? Ce sont de vos parents du côté maternel… Les dames étaient Martiniquaises… »

J’ai regardé avec émotion cette toile datée