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de taureaux, passèrent devant les jeunes filles qui regardaient, roses de joie, les intestins de ces bêtes douloureuses balayer le sable chaud de l’arène. Il y en avait d’autres et d’autres.

Et tous paissaient éternellement dans la grande plaine de la divinité tranquille.

D’ailleurs les autres animaux étaient heureux aussi.

Les chats, mystérieux et délicats, n’obéissant plus même au Bon Dieu, qui en souriait, s’amusaient d’un bout de ficelle, qu’ils remuaient, d’une patte légère, avec le sentiment d’une importance qu’ils ne veulent pas expliquer.

Les chiennes, ces si bonnes mères, passaient leur temps à allaiter leurs mignons petits. Les poissons nageaient sans craindre le pêcheur ; l’oiseau volait sans redouter le chasseur. Et tout était ainsi.

Il n’y avait pas d’homme dans ce Paradis.