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LA BONTÉ DU BON DIEU


À Jules Renard.


Elle était une petite personne jolie et délicate. Elle travaillait dans un magasin. Elle n’était pas, si vous voulez très intelligente, mais elle avait les yeux doux et noirs. Ils vous regardaient un peu tristement, puis se baissaient. On la sentait affectueuse et banale, de cette banalité si tendre que comprennent les vrais poètes, et qui est l’absence de la haine.

On la sentait simple comme sa modeste chambre où elle habitait seule avec une petite chatte qu’on lui avait donnée. Tous les matins, avant d’aller au magasin, elle laissait un peu de lait dans une écuelle.

Et, comme sa douce maîtresse, la petite chatte avait de bons yeux tristes. Elle se chauffait au soleil, sur la fenêtre où il y avait du basilic ; ou bien, elle léchait sa petite patte comme un pin-