L’une traîne à ses pieds une foule admirative et l’autre traîne des loques de cuir. L’une vend sa douleur au poids de l’or et pas un sanglot ne sort de sa bouche qui ne soit retentissant comme une fortune. Pas un sanglot de l’autre n’est écouté.
Et quelque chose cria en moi :
— Celle-ci est une actrice humaine. On l’applaudit parce qu’elle est à la mesure des gens qui l’écoutent. Et ceux-là ont besoin du mensonge sur lequel on bâtit le plus beau des rôles.
Mais l’autre, l’autre est une actrice de Dieu. Elle joue un rôle si grand et si douloureux qu’elle n’a pas trouvé un homme qui la comprît et qui fût assez riche pour la payer.
Et jamais la grande comédienne n’a atteint, dans la plus belle de ses représentations, ce génie vrai de la douleur qui faisait s’incliner sur moi le front de la petite prostituée.