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que ceignait une corde, se joignaient. Il tenait vers la lune son visage osseux plus pâle qu’elle. On distinguait son nez d’aigle, et ses yeux profonds comme ceux des ânes, et sa barbe noire où les halliers avaient laissé des laines d’agneaux.

Deux colombes l’accompagnaient. Elles glissaient de branche en branche dans la douceur de la nuit. De l’amoureuse poursuite de leurs ailes, on aurait dit les pétales d’une fleur effeuillée qui eussent voulu se rejoindre et, à nouveau, s’épanouir en corolle.

Trois pauvres chiens au collier d’épines précédaient, en remuant la queue, l’homme dont un vieux loup léchait le vêtement. Une brebis et son agnelle s’avançaient parmi les crocus-des-mousses, bêlantes, incertaines et charmées, foulant ces lilas d’émeraude, cependant que trois éperviers se prenaient à jouer avec les deux colombes. Un timide oiseau de nuit siffla de joie parmi les fruits des chênes, puis s’éploya et rejoignit les éperviers et les colombes, l’agnelle et la brebis, les chiens, le loup et l’homme.

Et l’homme s’approcha de Lièvre et lui dit :

— Je suis François. Je t’aime et je te salue,