maître, et qu’elle souffrait de cela. Et j’acceptai ce jouet et, pris de pitié pour lui, je sanglotai en l’emportant chez moi. Je me rappelle bien que, trop jeune, je ne sentis point la mort du petit garçon, ni la désolation de la mère. Je n’eus pitié que de cet animal de plomb qui m’apparut désolé sur cette cheminée, à jamais inactif, privé de celui qu’il aimait. J’affirme, parce que je me souviens de cela comme de ce qui s’est passé hier, qu’aucune envie de posséder ce jouet pour m’amuser ne me vint. Cela est si vrai que, revenu chez moi, je confiai en pleurant ce petit cheval et ce petit baril à ma mère qui, elle, a oublié ce fait.
La certitude de l’animation des choses existe chez des enfants, des animaux et des simples.
J’ai vu des enfants prêter à un morceau de bois brut, ou à une pierre, les fonctions d’un être vivant, leur porter une poignée d’herbe et ne point douter qu’ils ne l’eussent mangée, lorsque, sans être aperçu d’eux, je l’avais enlevée.
L’animal ne différencie point la qualité de l’action. J’ai vu des chats griffer longuement ce qu’ils trouvaient trop chaud. Il y a dans ce fait, de la part de l’animal, une idée de lutte envers une chose capable de céder ou, peut-être, de mourir.