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Au dehors souffle une rafale de Mai. Une tendre lueur verdâtre filtre par les petits carreaux. Une cafetière ronronne devant la braise. Almaïde, craintive, essaie de poser ses regards aux objets qui ornent cette chambre où elle n’était jamais entrée. À droite, il y a une carte marine roussie comme un vieux coquillage. On lit au-dessous : Océan Indien. Et çà et là, contre les murs ou sur des étagères, on voit des armes, des bouts de câbles, des oiseaux et des papillons naturalisés, des œufs d’autruche. Au fond, il y a deux grands tableaux.

L’un représente une jeune femme brune qui a l’air malade et langoureux. Elle a un regard triste et long. D’une main elle soutient un châle, de l’autre elle joue avec un colibri. Et, à ses pieds accroupie, une petite esclave noire range dans une corbeille des corolles jaunes qui ressemblent à des fruits et des fruits roses pareils à des corolles.

L’autre tableau représente une Chinoise élégante et d’un grand charme. Les cheveux dressés sur le front conique supportent obliquement des épingles et des fleurs. Les yeux, d’une petitesse extrême, sourient de côté, sensuels. On dirait que les narines sont deux pétales d’œillet. La bouche, petite et ronde comme une cerise, indique l’obsti-