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mousseline de la manche, elle sent la joue brûlante du petit pâtre. Un long moment ils demeurent ainsi, muets, immobiles, étourdis par leur désir hésitant et par le violent parfum qui s’élève des menthes rouges.

… Ma foi, tant pis ! se dit-elle. C’est bon d’être comme ça…

Mais comme elle attire davantage à elle, insensiblement, presque sans le vouloir, la tête de l’adolescent, celui-ci se hisse un peu à la manière des chevreaux brouteurs de haies et cueille une bouche plus douce et tiède qu’un fruit dont la pulpe se fond.

Alors seulement la jeune fille se lève et, sans mot dire, s’en va.