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LE ROMAN DU LIÈVRE

Enfin, il se tapit dans un chaume, non loin d’une caille qui sommeillait à la façon des poules, le ventre dans la poussière, abrutie de chaleur, suant sa graisse à travers ses plumes.

La matinée étincela vers midi. L’azur pâlit sous la chaleur, devint gris-de-perle. Une buse planait, dont le vol se laissait porter sans effort et décrivait des cercles de plus en plus élargis vers la hauteur. À quelque cent mètres, la nappe bleu-de-paon d’une rivière, entraînait avec paresse le mirage des aulnes dont les feuilles visqueuses distillaient un amer parfum, et coupaient de leur noirceur violente la blême lumière couleur d’eau. Près de la digue, les poissons glissaient par bandes. Un angélus battit de son aile bleue la torride blancheur d’un clocher, et la sieste de Lièvre commença.