Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.

VI

Ce fut par une sereine matinée de mars que Clara d’Ellébeuse se tua. Le ciel était limpide comme la nacre de certaines eaux ; les nuages légers et rares s’écaillaient, à peine ardoisés. Mille oiseaux chantaient sur les platanes nus, et les lauriers-thyms étaient fleuris. Des coqs se répondaient. Les métairies luisaient sous les rosées, les bourdonnements confus du printemps qui va venir s’élevaient des verdures jaunissantes des blés nouveaux. Çà et là, dans le parc, les corolles rosâtres des magnolias à fleurs nues semblaient des flammes. Sur les pelouses brillaient les anémones-sylvie aux feuilles tremblantes. Les primevères jaunes et roses, les violettes, les renoncules, les pulmonaires, les petits-houx ornaient les talus des haies. Les Pyrénées tremblaient au loin, pareilles à des glaçons flottants d’azur et de neige.

Mme d’Ellébeuse entra dans la chambre de sa