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récréation, troussée dans sa capeline noire, un peu tremblante de fièvre, et ne répondant point à ses compagnes qui l’interrogent en passant, pas même à Lia, sa chère amie.

Mais celles-ci ne s’étonnent point de son mutisme, la sachant souvent bizarre. Un petit panier est à côté d’elle, empli de raisins flétris, bien arrangés par Gertrude, que lui apporta hier sa mère, et auxquels elle n’a point touché. Elle est farouche comme un petit animal malade. Ses repentirs sont en désordre sur ses joues pâles.

Elle ne se relève que lorsque la cloche sonne pour la rentrée à l’étude.

— Mon enfant, lui dit Mme la Supérieure, qui passe là comme par hasard, si vous êtes malade, il ne faut point vous fatiguer. Vous êtes, d’habitude, une excellente élève. On a constaté qu’un changement s’est opéré en vous depuis trois jours. Êtes-vous souffrante ?

— Je suis un peu fatiguée, ma bonne mère… Mais cela ne sera rien…

— En ce cas, mon enfant, vous êtes dispensée de tout devoir… J’exige même que vous vous reposiez comme vous l’entendrez… Vous avez, Dieu merci, donné assez souvent des preuves de votre assiduité… Si vous ne vous jugez pas assez malade pour aller à l’infirmerie, demeurez à l’étude, mais