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— Nous ne nous reverrons plus qu’au couvent ?… C’est la fin des vacances.

— Oh ! Que c’est ennuyeux, ma chère… Et Roger repart après-demain… Je vais être presque toute seule… Tu m’écriras ?

— Je t’écrirai… Toi aussi ?…

— Oui.



La belle saison décline. Les jours qui suivent s’effeuillent sous les vents désolés d’automne ou s’endorment au bruit des pluies. Clara d’Ellébeuse emploie ses après-midi à ranger et à déterminer les derniers rameaux fleuris de son herbier. Avec la pointe d’une épingle, elle compte et détache soigneusement les étamines. Voici la Reine des prés, qui exhale une odeur d’amande douce et qui hante les prairies inondées. Voici la Scrofulaire aquatique et le Colchique automnal, nuisible aux troupeaux et dont la lueur veille sur les herbages. Voici l’Attrape-mouches habitant des tourbières, qu’argente éternellement la rosée du soleil, ce qui lui a valu le nom de Rossolis. Voici la Gentiane pneumonanthe aux sombres cloches bleues, et la fragile Bruyère vagabonde, et l’Origan désolé dont les