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silencieuses, tandis qu’à l’horloge du trumeau sonnent quatre heures. De temps en temps, Clara d’Ellébeuse se lève pour servir son amie. Elle-même a écrit deux petits menus : framboises, raisins, pommes, brugnons, crème au chocolat, confiture d’abricots, chinois, sirop de groseille, orgeat. Et tout à coup elles éclatent de rire parce que sur le rebord de la croisée le paon vient de s’abattre comme un grand bouquet d’ombre.

Après goûter, elles vont sur la pelouse et là, une jambe en avant, la tête haute, le bras étendu attendant le volant, elles jouent.

— Allons voir s’il y a des œufs au poulailler ? s’écrie soudain Clara d’Ellébeuse.

Et, dans le foin, elles vont recueillir trois œufs tièdes qu’elles rapportent à Gertrude qui s’exclame avec bonté. Elles repartent et, se donnant le bras, s’enfoncent dans l’allée ombreuse.

— Est-ce que tu as des nouvelles d’Almaïde de Fleureuil ?

— Oh !… ma chère, figure-toi, répond Lia, figure-toi… Roger a vu avant-hier des poésies d’Almaïde dans mon cahier…

— Qu’est-ce qu’il a dit ?

— Il a dit : Ce sont des vers d’une jeune personne très exaltée.

— C’est tout ce qu’il a dit ?