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Il s’élève des champs un effluve de terre et de menthe. Le lièvre se dérobe. On gravit un petit coteau.

— Mon enfant, dit M. d’Ellébeuse à sa fille, tu te fatiguerais… Va te poster sur le petit chemin, près de la propriété fermée ; nous t’y rejoindrons tout à l’heure. Nous allons aussi nous poster, Roger et moi.

La propriété fermée, se dit Clara d’Ellébeuse, n’est-ce point l’habitation dont parle l’oncle Joachim dans la première lettre, l’habitation où était Laure ?… Mais si… Lentement, la jeune fille se rend sur le sentier. Elle regarde, comme si elle la voyait pour la première fois, cette maison close qui n’a qu’un étage. Une palissade en minces échalas cassés, mal reliés entre eux par des fils de fer, entoure le petit jardin abandonné où l’enfant pénètre. Les gonds des contrevents verts sont usés. Du bout du doigt, Clara d’Ellébeuse en caresse la rouille grenue. Une grande émotion l’envahit : Il doit faire froid et noir au dedans, se dit-elle. Il doit y avoir des toiles d’araignées pendantes.

À gauche, près du chemin, un bosquet de chênes ombrage un puits.

Clara se promène dans le jardin où elle considère, montant de l’herbe haute pleine de pavots, de pieds-d’alouette et de folle-avoine, des rosiers