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appuyée nonchalamment sur les coussins de la berline… Son corsage était d’organdi à pois saumon… Qui était-elle ? Qui sait ? Peut-être une grande dame de Paris venue exprès pour soigner Roger, au cas où il tomberait malade…

… Les poètes doivent être malades, et les jolies dames les soignent… Ils sont aimés des créoles qui récitent leurs vers dans des hamacs, à l’ombre de grandes fleurs… Roger Fauchereuse ira, peut-être, aux colonies… On y donne des bals… Il y rencontrera une jeune fille comme Laura… Non ! Pas comme Laura !… Comme moi, alors ? Non, parce qu’elle sera brune… La lanterne du nègre éclairera la forêt, comme dans Paul et Virginie… Ils se marieront dans l’église, le matin… Elle sera bras nus sur des haies de roses… Il y a des sauterelles bleues dans les prairies…

Le déjeuner s’achève, on va sur la terrasse.

Tout le monde s’est assis en cercle. Des guêpes bourdonnent sur les feuillages. La cloche sonne les vêpres. Des coquelicots noirs se fanent sur la pelouse.

— Mon enfant, dit Mme d’Ellébeuse à sa fille, vous seriez bien gentille, maintenant que le café est servi, d’aller nous chercher le cahier de poésies où vous avez recopié les beaux vers de M. Fauchereuse.