Scène Première
Dans sa pauvre maison le poète reçoit la visite d’une petite vieille. Elle porte un cabas usé. Elle est coiffée d’un foulard tombant en pointe sur le dos et bariolé, vêtue d’une robe verte et d’un vieux châle de l’Inde que lui a donné quelque dame. Sa figure est très douce, comme une pomme ridée, avec deux petites gouttes d’azur qui sont les yeux.
La chambre du poète donne sur un jardin où il y a des lilas, des tulipes, des fils de rosée rose et bleue et des guêpes. Au-dessus de fleurs de sureaux, trois papillons tressent leurs vols. L’air, la terre, l’eau du gave qui brille au loin sont tellement purs que l’on est dans du reflet de coquille. La cassure de neige des montagnes chavirées, la colline qui a des reflets de plume de paon, la fraîcheur des peupliers sont un étourdissement qui tremble. Une cloche sonne, un char roule, des oiseaux jacassent comme des galets plaqués l’un contre l’autre.
Sur la colline il y a la masse épaisse d’un grand bois.
La fin de la scène est au crépuscule.
Petite vieille drôle, qu’as-tu dans ton cabas ?